QU'EST-CE QUE JE T'AIME SALETÉ DE RAP #FEUTOUR

Nous sommes le jeudi 1er décembre 2016. Je me lève de bonne humeur (ça arrive rarement, y’a pas de petites victoires) et pars d'un pas déterminé vers la bouche de métro. 10:15, j'y suis. Une cinquantaine de personnes déjà attroupées, assises assez aléatoirement entre les barrières de métal. Il fait 2 degrés (ressenti -8000), nous sommes devant l'AccorHotels Arena et c'est le jour-j : ce soir Nekfeu retourne un Bercy plein à craquer. Certains attendent ce jour depuis déjà un an. C'est un pari risqué que l'artiste s'était lancé : réunir 20 000 personnes après avoir seulement sorti un seul album en solo. Mais, fort d'une fanbase aguerrie et d’un travail acharné, le Fennek réussit l’impensable : "Complet" peut-on même lire sur les affiches. À partir de ce moment, on comprend déjà qu’on va vivre une vraie dinguerie.

Pourquoi est-ce que je vous raconte tout ça ? Vous allez comprendre.



C'est après avoir affronté pendant 9 heures (¿¿¿¿¿¿) le froid parisien, et après avoir vu le soleil se coucher sur l'arena, que j'entre enfin dans la salle. Je ne sens plus aucun membre de mon corps, je me dépêche tout de même d'atteindre la place qui semblait m'avoir été assignée : le premier rang. Saint Graal. C'est ma première fois à Bercy, après avoir dû me résigner à revendre ma place pour Paul McCartney quelque six mois auparavant. La salle est gigantesque et c'est à ce moment-là que je saisis l'importance de l’événement. Petit à petit la salle se remplit, la chaleur commence à venir. Sur les grands écrans, on peut lire un lien sur lequel s’inscrire, nous promettant une énorme surprise à venir. Et puis soudain les lumières s'abaissent. Dj Elite commence à mixer derrière ses platines. L'ambiance commence à monter. La tension est à son comble. Le sol tremble.

Là ça devient de + en + important : Nekfeu l’avait annoncé c’est son kho Sneazzy qui ferait sa première partie. Soit. Ouais j’essaie de garder mon calme, mais Sneazzy c’est mon crush du rap jeu depuis 1995 (le groupe hein, pas l’année où j’aurais fêté mes -1 an) et Dieu Bénisse SuperSound c’était un véritable cadeau du Tout Puissant. Donc je suis pas à l’aise. Le voici, le voilà. C’est tout chaussé de Yeazzy et vêtu de noir qu’il débarque sur scène. Personne sur Terre était prêt pour son flow, on peut le dire. Le type a assuré avec une nonchalance sans pareille, des petits pas de danse sur mesure et une énergie qui vient d’une autre planète. Je suis sous le charme, et je pense que les 19 999 autres personnes aussi.

Après quelques morceaux dont « La Maille » en feat avec Infinit’, vient un petit speech sur la tolérance et les valeurs qui nous abandonnent doucement à la suite duquel ce génie de Sneazzy nous lance un brillantissime titre que l’on tracklistera sous le simple nom de « Fuck Donald Trump ». À vous de juger.


On va dire que c’est bon : l’ambiance dans la salle est survoltée. Clairement le Sneazz a fait le taf. Il est bon, puta*n. Là, c’est gentil, on a droit à 20 minutes d’entracte. On y est presque, personne n’y croit. Et puis soudain, l’espèce d’œuf qui semble devoir descendre du plafond pour atterrir sur scène, que beaucoup avaient déjà remarqué, se met à bouger. Quelqu’un s’y installe. L’effet de surprise semble raté, toute l’arena se met à chanter en cœur : « on t’a cramé ».

(Après consultation avec mon specialiste ès manga, Monsieur Bazin, cet « œuf » est une des « capsules spéciales de l'armée de Freezer, premier grand ennemi de Goku dans la saga Dragon Ball. Méchant emblématique et mythique du manga ». Je peux continuer ainsi pendant plusieurs paragraphes tellement il s'est enflammé. Pour vous, je ne le ferai pas.)

Ça y est : les lumières s’éteignent et d’autres se pointent sur l’OVNI descendant du toit de Bercy... Il se raconte dans les mythes et légendes du monde entier que jamais rien dans le ciel, sur terre et dans l’eau n’avait été aussi attendu, et dans le même temps aussi lent à venir... Sérieusement : il a dû s’écouler un an et demi avant que la coquille ne se pose. Et là, c’est le drame : ce n’est pas Nekfeu, non, c’est Ramzy (Bédia) en fait. La fan inconditionnelle de H qui est en moi est aux anges, mais attendez, c’est pas simplement Ramzy. Ça serait trop simple. Non, non, c’est Ramzy en costume de Sangoku.

   

Donc Nekfeu, quant à lui, débarque eau calme par le petit escalier sur le côté de la scène. Troll de l’ultime. Nekfeu est donc tout de Seine Zoo lumineux vêtu. C’est la première de ses nombreuses tenues de la soirée. J’ai pas de photos en revanche. Petit flop. Mais je vous laisse regarder les photos que j’ai pu prendre de ce concert de dingue. Vous y verrez reconnaitrez sûrement pas mal de monde : Nekfeu en maître de cérémonie a réuni toute la grande famille. Sneazzy, Dj Elite, Doums, Alpha Wann, SPri Noir, Mekra, Framal, 2zer Washington, LuXe, Hugz Hefner, Hologram’Lo, et j’en oublie probablement... Tout le squa est dans l’arena ce soir-là, aucun doute. À un moment je réalise le del-bor que c’est, je regarde autour de moi, je vois les flashs des téléphones comme des milliers d’étoiles éclairant l’empire du Fennek, et là, je me dis : « meuf, t’es en train de vivre la putain d'histoire du rap français ».

Vous l’aurez compris, d’une presque réunion du 1995, au flow du S-Crew, c’est Noël avant l’heure. Mais Nekfeu, aussi généreux d’âme qu’il est, ne va évidemment pas s’arrêter là. Il faut du lourd, il faut du grand, il faut dropper une puta*n de bombe sur le rap français. On nous a promis une surprise de taille, elle arrive.



J’ai pas été prise d’un éclair de génie à ce moment (ou bien, parce que j’étais au parfum, j’ai préféré gardé ce moment pour moi ???) et je n’ai pas filmé le compte-à-rebours qui a suivi. Ce qui arrive ? Je pense que vous êtes au courant : « ça, c’est la pochette de mon nouvel album », nous annonce très fièrement Nekfeu. Et il a tous les droits, le travail a porté ses fruits. Son album est lâché pendant le concert, personne n'était prêt à se prendre cette foudre divine.




Six lettres - 14 tracks - zéro promotion
et un puta*n de tremblement de Terre


On a aussi eu l’immense chance de voir la fine équipe performer pour la toute première fois en concert une de ces nouvelles pépites : « Squa ». Je ne vais pas vous mentir, vraiment : quand les premières notes de la fabuleuse prod de notre Hugz national partent, je me suis retournée vers la meuf à ma droite, j’lui ai lâché un « olala » accompagné de mouvements de mains improbables. J’étais perdue, j’avais besoin d’air ou je sais pas, j’étais déjà trop loin. À cela, je n’ajouterai qu’un « c’est trèèèès bon ça » et me laisserai porter par le son. Nekfeu arrive LuXe comme Yass et, en une fraction de secondes, il a retourné le game.




Bonus

Il y a avait aussi du beau monde dans le public. En attendant la sortie des artistes, on a pu croiser, entre autres, Catherine Deneuve venue soutenir son partenaire à l’écran dans le prochain film de Thierry Klifa, Tout nous sépare, mais aussi Adèle Exarchopoulos (elle est radieuse, j’étais émue) et pour mon plus grand bonheur : Orelsan et sa clique. Que du love.





EN BOUCLE EN BOUCLE EN BOUCLE

06.12.16 - Steffi Janiszczak